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 RIMBAUD ET L'ALGERIE

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Thierry
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Thierry


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MessageSujet: RIMBAUD ET L'ALGERIE   RIMBAUD ET L'ALGERIE EmptySam 13 Jan 2007 - 14:14

Sur les traces de l’homme aux semelles de vent
Par Nassira Belloula RIMBAUD ET L'ALGERIE Cdemen10




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[size=12]En découvrant Une Saison en enfer de Rimbaud, nourri par les années passées avec Verlaine, à un âge où la poésie rimait avec mélancolie ou romantisme, nous ne savions rien de la relation que pouvait avoir Rimbaud avec l’Algérie, ni connaissais l’existence du beau poème dédié à l’un des plus valeureux chefs algériens Jugurtha.

Rimbaud, talonnant d’autres écrivains voyageurs ou orientalistes, Maupassant, Daudet, Baudelaire, venus en Algérie à la recherche de l’orientalisme et d’exotisme, découvre à ses dépens un autre pays.
Un pays différent de celui que décrivent ses pairs, un pays qui avait une âme…. un pays que ne racontent pas forcément les rapports des militaires français, ni les lettres des premiers colonisateurs arrivés sur une terre à prendre. La sensibilité de Rimbaud, une sensibilité incomprise qui fit de lui un effarouché et un rebelle qui ne savait pas qu’il allait devenir un mythe au XXIe siècle et un mythe collectif, va réveiller sa vocation africaine.

Rimbaud immortel est brandi à chaque saison, par chaque génération comme une revendication, ses œuvres décortiquées et ses pérégrinations au Yémen, en Arabie ou encore en Abyssinie, mais rarement a-t-on évoqué son Algérie ! s’interroge l’auteur de Rimbaud et l’Algérie, Hédi Abdel-Jaouad. Et c’est dans cet esprit que l’auteur a entrepris d’écrire ce livre en tentant de mettre en évidence l’influence qu’avait eu l’Algérie sur le jeune Rimbaud et quelle autre marque ou manifestation d’intérêt que d’écrire vers l’âge de 14 ans, un superbe poème Jugurtha, du nom du roi berbère devenu aussi, mythe et légende.

Ce poème, très peu connu, est annonciateur de cette poésie visionnaire, de cette fulgurante poétique de la voyance dont parlait Rimbaud “Je est un autre. Je travaille à me rendre voyant. Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant”. En vérité, Rimbaud, se sert de Jugurtha et de sa résistance contre les Romains pour illustrer une autre résistance, celle de l’Emir Abdelkader contre les envahisseurs français, prenant franchement le parti de l’Algérie, et le poète n’a que 14 ans.

Curieusement, écrit l’auteur “Victor Hugo, le grand chantre d’un Orient berceau de liberté, fut, dès le début, un ardent partisan de la conquête” pour justifier cette colonisation de l’Algérie, le grand poète qu’était Hugo argumenta de la mission civilisatrice.

Cela permet à l’auteur de faire une incursion dans l’histoire de l’Algérie à travers la première expédition française contre Alger et de cette certitude que la conquête de l’Algérie est une mission noble qui permet de récupérer une terre anciennement chrétienne et latine; n’est-ce pas la patrie de saint Augustin et sainte Monique, un peu le mythe de l’Afrique romaine qui chemine dans les esprits colonisateurs ? Ainsi, explique l’auteur, et dès le début, “Rimbaud a pris aussi radicalement le contre-pied du mythe néo-latin, tel qu’il avait été propagé par les divers gouvernements depuis la colonisation de l’Algérie”.

En écrivant Jugurtha Rimbaud rompt ou récuse cette notion, et curieusement, ces vers, écrits en latin et nommés Vers de collège par Jules Mouquet qui les découvrit et les traduisit vers en 1932, semblent être ignorés et passés sous silence par les spécialistes rimbaldiens.

Hédi Abdel-Jaouad s’interroge aussi sur cette attitude et va analyser donc le long poème, ces premiers vers, soixante-quinze vers latins de Rimbaud, divisés en trois parties de longueur inégale.

Abdel-Jaouad revient ainsi sur les étapes et les circonstances de l’écriture de Jugurtha, ainsi que sur cette fascination qu’exerçait l’Algérie sur Rimbaud. Et l’Algérie de Rimbaud est historique, mythique, rhétorique, voire “symbolique” dans le sens où elle est le lieu d’une occultation profonde, ce que Rimbaud appellera plus tard “voyance” et “alchimie du verbe”. L’Algérie est aussi ce père absent, chef du bureau arabe à Sebdou qui aurait été témoin des dernières chevauchées de l’Emir Abdelkader.

L’Algérie a nourri l’univers poétique de Rimbaud, écrit l’auteur, qui à son tour a laissé des traces dans la poésie algérienne et arabe.
Le mérite de ce livre c’est qu’il ouvre pour nous une porte dérobée sur l’univers très complexe de Rimbaud.
Il s’associe à nous pour perdurer le mythe non pas algérien, comme le précise l’auteur dans son introduction, bien qu’on pourrait le croire, mais le mythe tout court de Rimbaud. Et ce dernier et l’Algérie se sont liés par un poème et pas n’importe lequel, celui qui était annonciateur du génie, de l’insolence et de l’audace de Rimbaud, qui reste un poète d’une grande précocité, celui qui a profondément rénové la poésie.
Pour rappel, toute l’œuvre poétique de Rimbaud fut écrite avant sa majorité.



Extrait du poème :

Il est né sur les monts d’Algérie un enfant peu commun
Et la brise légère l’a dit
“Jugurtha nous revient….
”Depuis peu s’est levé celui qui bientôt deviendrait
Pour le peuple arabe et sa patrie un nouveau Jugurtha,
Quand l’ombre de Jugurtha lui-même aux parents stupéfaits
Apparut, penchée sur leur enfant, et l’ombre rapporta
L’histoire de sa vie et se mit à conter ses malheurs
“ô patrie ! ô terre défendue par ma seule vigueur.”
Et sa voix se perdait un moment emportée par le vent

J'ajouterais ce poeme anti-colonialiste et ironique de Rimbaud

Démocratie

« Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
« Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
« Aux pays poivrés et détrempés !
au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
« Au revoir ici, n'importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C'est la vraie marche. En avant, route ! »

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