Biyouna
Danseuse, chanteuse et actrice.
Vous interprétez le coryphée aux côtés de Jane Birkin dans Electre de Sophocle. Une tragédie, c'est pour vous une grande première ?
Oui, la tragédie et le théâtre ! Philippe Calvario, le metteur en scène, est un homme doux, très patient. Il m'a convaincu. J'avais peur, mais dès la première lecture avec Jane, j'ai été rassurée. C'est vrai : on ne sait jamais sur qui on tombe ! Il y a des folles et des capricieuses ! Avec elle, le courant est passé tout de suite. On s'est mutuellement mises à l'aise. Pour elle aussi c'est une première... Oh, mon Dieu, des débutantes !
Avec vos albums, vos one woman shows et les séries télévisées, vous êtes une star en Algérie. Pourquoi avoir attendu 1999 pour sortir de votre pays ?
Parce que je ne suis pas du tout aventurière ! Quand je suis partie au Maroc pour tourner Le Harem de Madame Osmane, de Nadir Moknèche, il avait mis un an pour me convaincre ! En Algérie, chez moi, je me sens protégée.
C'est paradoxal quand on connaît les menaces que vous y avez subies...
Mais c'est ma vie et mon pays. Quand j'ai été menacée, on m'a proposé de partir, mais je ne pouvais pas abandonner les miens. Cela dit, je ne juge pas ceux qui me l'ont suggéré. Car parler de menaces, ce n'est pas grand-chose, mais les vivre, c'est terrible...
C'est la ferveur du public qui vous a fait tenir ?
Oui, le public algérien a toujours été là pour moi. Je suis née dans un quartier populaire et je connais bien les gens. Je suis aussi à l'aise avec les éboueurs qu'avec les milliardaires. Le jour où on est venu chez moi, ce sont les jeunes du quartier qui m'ont protégée. Vous imaginez : des jeunes de 20 ans pour une mémé comme moi ! C'est très beau...
Recueilli par Charlotte Lipinska
Electre, du 5 janvier au 4 février au théâtre des Amandiers (Nanterre).