Un grand classique du libertinage...Lettre de George Sand à Alfred de Musset.Cher ami,
Je suis toute émue de vous dire que j'aibien compris l'autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me fairedanser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit[/b][/i]
une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à montrer monaffection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir ainsivous dévoiler, sans artifice, mon âme
toute nue, daignez me faire visite,
nous causerons et en amis franchement
je vous prouverai que je suis la femmesincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde, comme la plus étroiteamitié, en un mot : la meilleure épouse
dont vous puissiez rêver. Puisque votre
âme est libre, pensez que l'abandon où je
vis est bien long, bien dur et souvent bieninsupportable. Mon chagrin est trop
gros. Accourez bien vite et venez me le
faire oublier. À vous je veux me sou-
mettre entièrement.
Votre poupée
La correspondance continuait ainsi : Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un coeur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.
Alfred de Musset Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.
George Sand